par @FrancoisChe
Ce jour où Adidas a snobé Michael Jordan

A l'été 1984, Michael Jordan est sur le point d'entamer sa carrière NBA - il signera son contrat avec les Bulls le 12 septembre de la même année. Désireux de porter une paire de baskets de son équipementier préféré, le jeune talent propose ses services à Adidas. La marque allemande ne répondant pas à ses avances, Nike s'empresse de lui faire signer un contrat historique.
Début août, B-Ball Channel postait sur sa page Facebook une photo de Michael Jordan en train de se faire strapper les chevilles, dans l'intimité du vestiaire de North Carolina. Sur cette image rare, on distingue un survêtement Adidas et une paire de Converse. Durant ses années universitaires, de 1981 à 1984, le natif de Brooklyn jouait avec un modèle de la marque américaine centenaire, avec lequel il disputa également les JO de Los Angeles.
A cette époque, Jordan ne s'en cache pas, il est ouvertement « pro-Adidas » et ça tombe bien : l'équipementier européen est le fournisseur de son équipe NCAA. Au moment de démarrer la saison suivante chez les Bulls de Chicago, le numéro 23 aimerait logiquement s'engager avec la marque aux trois bandes. L'actuel propriétaire des Charlotte Hornets raconte que si Adidas s'était aligné sur la proposition de Nike, il aurait opté pour le « Trèfle ». Mais l'entreprise fondée par Adolf Dassler en a décidé autrement. « Le marché américain n'était pas une priorité ». Un papier du Wall Street Journal daté du 22 mars 2015 (article payant) apporte un éclairage inédit sur « l'affaire ». La firme allemande - déjà sous contrat avec le légendaire pivot des Lakers Kareem Abdul-Jabbar - ne souhaitait pas miser sur un arrière et doutait du potentiel marketing d'un joueur « de petite taille ». Pour l'anecdote, Adidas signa d'ailleurs la tour de contrôle new-yorkaise Patrick Ewing l'année suivante.
Dans la foulée, Phil Knight peut finaliser un deal avec le jeune prodige... Le boss du Swoosh ne le sait pas encore mais une success-story sans précédent dans l'histoire de la chaussure de sport est en marche. Pour rappel, sa fortune personnelle a été estimée à plus de 23 milliards de billets verts, en 2015 (source : Forbes).
Et si Jordan ne s'était pas associé avec Nike... Quid de Jordan Brand ? De l'investissement de l'entreprise basée en Oregon dans les sports collectifs ? De l'association avec le designer Tinker Hatfield sur une série de pro-model ? Autant de questions qui restent en suspens. Le magazine spécialisé Sneaker Freaker s'est d'ailleurs amusé de cette histoire en imaginant le scénario inverse. Et l'actualité récente (cf la guerre entre Under Armour et Nike pour acquérir les droits de Kevin Durant) montre à quel point la signature des contrats de sportifs peut être déterminante dans la stratégie de développement d'une marque.
Trente ans après, on est toujours sans nouvelles du responsable de chez Adidas qui n'a pas jugé opportun de signer Jo-Jo.
Vidéo : Michael Jordan revient sur cet épisode malheureux avec Adidas
Texte par François Chevalier