Rayon frais

Sport

par @FrancoisChe

Ce jour où Jonah Lomu a piétiné la Rose

Ce jour où Jonah Lomu a piétiné la Rose

18 juin 1995. Les All Blacks écrasent le XV de la Rose en demi-finale de Coupe du monde sur le score de 45 à 29, au Newlands Stadium du Cap, en Afrique du Sud. Le responsable ? Jonah Lomu, en passe de devenir la plus grande star de l'histoire du rugby.

Et le visage du rugby mondial changea à jamais. Coupe du monde 1995 en Afrique du Sud. Historiquement, c'est une période charnière pour le ballon ovale qui va progressivement basculer dans le professionnalisme. Et un homme va faire chavirer plus rapidement que prévu ce sport encore amateur. Jonah Lomu est un joueur hors-norme dans le contexte de l'époque. En plus de son 1,96 m pour 119 kilos de muscles, l'ailier surdimensionné court le 100 mètres en moins de 11 secondes. Imaginez un autobus lancé à pleine vitesse qui aurait la puissance d'un Teddy Riner et la rapidité d'un athlète de haut niveau comme Renaud Lavillenie. Un carnage. On s'inquiète pour la santé des joueurs qui doivent se sacrifier en défense.

Le Michael Jordan du Rugby

Durant cette compétition survolée presque de bout en bout par les All Blacks, Lomu va littéralement marcher sur ses adversaires, qui tombent comme quilles de bowling. 7 essais au compteur en mode chevauchée fantastique et raffuts dans les dents. Les observateurs n'ont jamais vu un joueur aussi dominant. Durant les phases de poule, l'Irlande, le Pays de Galles puis l'Écosse (en quart de finale) se font massacrer. Et quand le natif d'Auckland se fait plaquer par quatre joueurs après avoir traversé la moitié du terrain, il passe les bras pour son pote Kronfeld qui n'a plus qu'à aplatir dans l'en but vide.

La fin d'une époque

Le talent du numéro 11 de l'équipe de Nouvelle-Zélande éclate à la face du monde en demi-finale face aux Anglais. Lomu y inscrit la bagatelle de quatre essais. Les trois quarts britanniques, des frères Underwood au malheureux Mike Catt, vivent le pire match de leur carrière. Surclassés par l'implacable homme en noir.
Même si six jours plus tard, les All Blacks perdront la finale face aux Springboks pour le plus grand bonheur de Nelson Mandela, cet épisode marque la fin d'une époque, celle du rugby en noir et blanc commenté par Roger Couderc et d'un sport romantique où tous les physiques avaient leur place, du plus petit au plus grand. Aujourd'hui, les ailiers ont presque tous des morphologies de troisième ligne et Jonah Lomu, y est certainement pour quelque chose. Cependant, il ne faut pas se tromper. Lomu était surtout un immense joueur. Il suffit de voir l'hommage qui lui a été réservé par tout un peuple après sa disparition tragique le 18 novembre dernier (à l'âge de 40 ans) pour prendre la pleine mesure de cette légende du ballon ovale.


Texte par François Chevalier