#5 UNDER KONTROL ou l'instinct du bledard by Tiko
par Asma
Ça fait 40 jours qu’on a quitté la France. Il y'a tellement de choses à raconter qu’au final c’est difficile de raconter quelque chose.
On ne reste pas plus de 3 jours dans chaque ville et une fois arrivés à la 14ème, ça commence à faire un gros paquet de rencontres.
Dans la majorité des pays visités, on a eu la chance de rencontrer des artistes locaux, surtout des rappeurs. Une seule chose à dire: gros respect au rap africain! Dans chaque ville où on est allé, il y'avait toujours quelqu’un, qu’il soit un ou pluriel, pour kicker le mic bien comme il faut. Je fais l’impasse descriptive sur la qualité des musiciens que l’on croise aussi.
On a quitté Douala il y'a quelques jours et je pense qu’on a trouvé un son et une vibe qui font l'unanimité dans le groupe. Hobskur, un bon activiste du coin qui faisait notre première partie et qui en même temps nous a fait découvrir les sons de la ville, ça a été un gros moment de kiff. D’ailleurs, le freestyle final a été énorme! Dommage, car vous ne pourrez pas l'entendre... Putain de carte mémoire pas vidée!
Le Ghana juste avant a été super fat aussi, avec la rencontre des deux premiers beatboxers que l’on aura croisé sur notre route: FreshBeat et Jahwi, gros big up à eux deux. Jahwi m’a grave fait penser à Fatkab - BIG UP! - mon frère de beatbox avec qui j’ai commencé. La connexion a donc été des plus simples.
Si je pense à rebours à tous les pays qu’on vient de faire, je crois que ce billet va finir comme une simple liste de noms. C’est pas le temps, on s'en occupera une fois de retour au bercail.
On est parti avec une prod et une carte son dans l’ordi et il y a déjà de jolis couplets dans la boîte, avec des freestyles de ouf dans nos souvenirs, que ce soit avec des rappeurs ou des musiciens. On a pu en filmer quelques uns, mais pareil, on fera le tri plus tard, c'est promis
Le Hip Hop nous permet d’être connectés à toute une jeunesse, d’ailleurs pas si jeunes que ça selon où on va. Internet y est pour beaucoup aussi, même si ça galère de plus en plus à mesure que l’on avance dans le centre et le sud du continent. Ce qui est assez flagrant en tout cas, c'est que les différences culturelles d’il y'a 20 ans ne sont plus du tout les mêmes que celles d’aujourd’hui.
A la vitesse où vont les échanges de données, on retrouve vite des références ou des influences communes avec les personnes qu'on rencontre. Just A Musical Trip prend tout son sens. On a la chance de voyager grâce à notre musique ce qui facilite les premiers contacts. Il y'a des amorces professionnelles qui se font aussi, à peu de chose près, toujours de la même manière. Ça a d’ailleurs un petit côté rassurant. Et puis il y'a aussi des rencontres amicalo-musicales qui prennent forme.
Pour la plupart des gens qui nous découvrent, on ressemble un peu à un ovni musical, mais je n’ai pas encore senti de malaise. Ici les gens savent se laisser surprendre et apprécier simplement quand ils aiment. Et puis, 4 blancs-becs accompagnés de leur punk d’ingé-son (homme à la capillarité et gestuelle remarquables voire inoubliables) en Afrique ça se repère vite, on va pas fuir la réalité non plus.
On arrive assez facilement à se fondre dans le décor en général, ce n’est pas si compliqué en fait. Tu vis ta vie en étant poli avec tout le monde, même si tu t’es fait remarquer au passage, tu te poses quelque part et tu attends, très vite les choses reprennent leurs cours, et tu peux refaire ta vie tranquille.
Il faut bien évidemment être un peu flexible sur l’ensemble des choses, surtout les horaires, et aiguiser son sens de l’observation, mais ça se passe plutôt pas mal pour nous.
On a tous des petites anecdotes à raconter (dédicace à Lamin) mais rien de bien méchant. Jusqu’à maintenant le peu de relous sur lesquels je suis tombé et sur qui j’ai eu la mauvaise idée de m’arrêter, il a fallut soit retourner la situation en leur demandant à mon tour un petit cadeau, ce qui s'est avéré être très efficace, soit je leur faisais un beatbox et j’ai profité de leur surprise pour bouger tranquillement. Tracer gentiment reste le meilleur chemin. Pareil pour les postes de douane un peu trop zélés, tu leur expliques que tu es musicien, tu fais ta petite démo et l'atmosphère se détend vite.
Under Kontrol sur la route, c’est un peu l’instinct du blédard, chacun a sa manière a une part du "gars du coin" en lui… Au passage dédicace aux petits sacs plastiques fourre-tout que Braz et Flo se traînent quand on bouge un peu partout depuis le début de la tournée, comme on dit chez nous: "Grosse saveur !".
Sur cette pensée je vais aller rejoindre mes collègues, ce soir c’est côte à l’os au menu, on bouge et je veux pas louper ça.
Allez, bisous les amis.
TIKO (Propos recueillis et mis en forme par Asma)
#justamusicaltrip #strictlyfromthemouth #underkontrol