Rayon frais

Cinéma

par @FrancoisChe

On pardonnerait presque tout à David Lynch, y compris une exposition ratée

On pardonnerait presque tout à David Lynch, y compris une exposition ratée

David Lynch présente son exposition à la Maison européenne de la photographie, du 15 janvier au 16 mars 2014. L'occasion de revenir brièvement sur un parcours assez peu commun, tiraillé entre chef d'oeuvres cinématographiques et quelques échecs, hors cadre. Sans conséquences à nos yeux.

En apportant un soin tout particulier aux bandes originales et à la direction photographique de ses propres films, le cinéaste américain a déjà eu l'occasion de prouver, à maintes reprises, qu'il était un artiste total (et bien perché, haut, très haut). Ce qui fait de lui une personne très demandée, notamment par les marques qui n'hésitent à faire appel à son génie créatif. Un univers ultra singulier, parfois hermétique, qui tranche radicalement avec le barnum hollywoodien. Sony en a fait les frais en 2000, lors du lancement de son produit phare : la PS2. Suicide commercial et marketing pour certains, coup de maître pour d'autres, c'est selon. Difficile de rester indifférent au travail protéiforme de David Lynch.
Une prise de risque permanente qui implique des ratés, comme sa discographie. Même si elle s'inscrit dans la droite lignée de ses films, on cherche l'image qui va avec. Irrémédiablement.

N'en déplaise à ses détracteurs, Lynch n'est jamais aussi à l'aise que derrière la caméra. Sa filmographie complètement barrée et complexe, en atteste. Elephant Man, Blue Velvet, Lost Highway, Mulholland Drive et l'indépassable Twin Peaks dont la série éponyme reste à ce jour, le chef d'oeuvre absolu du réalisateur. Une odyssée visuelle dans laquelle le spectateur est sans cesse écartelé, entre le rire et le frisson. Sur la durée (deux saisons, trente épisodes), Lynch laisse libre cours à son imagination sans limite. Chaque élément de la série mériterait un paragraphe : le thème musical, la direction d'acteurs, le questionnement métaphysique, les énigmes non résolues...

Il n'a plus réalisé de long métrage depuis Inland Empire, en 2006, et dans le contexte actuel, les studios ne manquent pas d'arguments pour refuser de produire un film de David Lynch : hors de prix, trop risqué et segmentant, pas assez rentable...
A défaut d'un nouveau film, on se contentera d'une exposition. Et même si c'est potentiellement raté - les mauvaises langues s'en donnent déjà à coeur joie - on sera tenté de lui pardonner, après avoir ausculté sa filmographie.

La bande-annonce de Twin Peaks (1992)

Le teaser vidéo de l'exposition réalisé par Lynch himself