Rayon frais

Cinéma

par @FrancoisChe

Story : « Nonfilm », le premier long métrage maudit de Quentin Dupieux

Story : « Nonfilm », le premier long métrage maudit de Quentin Dupieux

Wrong Cops, le dernier film de Quentin Dupieux sort dans les salles obscures. Dans les colonnes de So Film, le réalisateur prévient : « c'est un vrai film de porc ». Du coup, on a très envie de le voir. Comme à peu près toute sa filmographie. Cette liberté artistique totale, le Français l'a payée au prix fort, en plantant royalement son premier long métrage, façon Terry Gilliam.

L'histoire avait pourtant bien commencé. Révélé en 1999, à la faveur de Flat Beat, un single électro qui s'écoulera à 3 millions d'exemplaires, Dupieux se retrouve à tort ou à raison, affilié à la French Touch. Ce morceau qu'il a composé en deux heures servira de bande son pour une campagne publicitaire commandée par Levi's.
Grisé, il se lance dans le tournage de son premier projet cinématographique. Le scénario tient sur un demi post-it (en vrai, il n'y en a pas). Après avoir rencontré quelques producteurs, il doit se rendre à l'évidence : personne ne veut investir dans cette histoire qui est un non-sens absolu.
Vexé, Dupieux part tourner en Espagne. Il finance le projet sur ses deniers personnels. Bad idea. Le petit pactole accumulé grâce aux royalties de Flat Beat va fondre comme neige au soleil. Soucieux de respecter la charte des salaires, il paye tous les techniciens au tarif plein et refuse le camping / butagaz. Pendant un mois, la fine équipe mène grand train, comme dans un film de Coppola : hébergement à l'hôtel et repas au restaurant. Au casting, il invite ses potes Sébastien Tellier et Vincent Belorgey alias Kavinsky.
Pendant moins de 50 minutes, il ne se passe à peu près rien ou si peu. Les plans sont tellement serrés qu'ils donnent la gerbe et on doute que les acteurs, visiblement en roue libre, soient dirigés. La photographie relativement crade rappelle Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper. De retour en France, le film ne trouve pas de distributeur. Et ce n'est pas le montage qui va sauver Dupieux du naufrage. La sanction tombe : pas de diffusion en salles. Un fiasco. Avec Steak (2007), il connait un nouvel échec, mais le succès d'estime est bien là.
Le cinéma français se refusant à lui, il déménage à Los Angeles. Un choix payant puisqu'il y trouve un producteur assez dingue pour financer ses projets. En 2010, Rubber, une histoire de pneu-tueur, est programmée à Cannes (Semaine de la critique) et une rumeur prédit un bel avenir à Réalité, son prochain long featuring Alain Chabat et Elodie Bouchez. Le pitch ? Un homme retrouve une VHS dans un sanglier. On a pas trouvé meilleure chute.

Nonfilm, en version intégrale

A VOIR AUSSI
Docu : l'Envoyé Spécial sur la French Touch
Culture club : les discothèques de Province dans l'objectif de François Prost