Rayon frais

Cinéma

par @FrancoisChe

Abdul-Jabbar, Chamberlain, Shaq... Ces basketteurs géants qui font du cinéma

Abdul-Jabbar, Chamberlain, Shaq... Ces basketteurs géants qui font du cinéma

Le gigantisme fascine au delà des frontières du sport. Le septième art ne déroge pas à la règle et a consommé son lot de double mètres. Pour le meilleur et (souvent) pour le pire.

Remember le méchant Requin dans James Bond ? Si Robert Wadlow - l'homme le plus grand de l'histoire - n'a pas eu l'occasion de déplier ses 272 centimètres dans un long métrage, c'est sans doute que sa sa mort prématurée, à l'âge de 22 ans, l'en a empêché. Naturellement pourvoyeur en personnages de grande taille, le basket a permis à quelques cinéastes d'assouvir un fantasme : donner un rôle à un géant dans un film.

Kareem Abdul-Jabbar : le cinéphile

Le hall of famer a fait son coming out dans le numéro 19 de So Film : l'ancienne star des Lakers est un passionné de cinéma. KAJ (2,18 mètres sous la toise, 102 kgs) admet sans détour qu'une carrière d'acteur aurait pu le brancher, en cas de défaillance physique dans son sport de prédilection. Lors de ses études à UCLA, l'athlète XXL potasse les bouquins sur les bancs de la fac et visionne les films de Sergio Leone, plié en quatre dans le fauteuil d'un cinéma de quartier. Plus tard, Lew Alcindor (son nom de naissance) accepte de figurer au casting de Game of Death (tourné en 1972, sorti en 1978) et Airplane! (1980).
Dans le Jeu de la Mort, Abdul-Jabbar joue le boss de fin de niveau et affronte son pote Bruce Lee, dans une scène mémorable. Les deux hommes se sont rencontrés par l'intermédiaire du rédac chef d'un magazine d'arts martiaux et s'entrainent ensemble à New York. Soucieux d'entretenir son corps élastique et malgré sa grande taille, Jabbar développe ses aptitudes naturelles aux sports de combat, au point de taper dans l'oeil de Lee. Ce dernier lui propose un rôle dans ce qui sera son avant-dernier film. Bruce Lee meurt en 1973, avant la fin du tournage. Dans Y a-t-il un pilote dans l'avion ?, Jabbar joue un copilote, au côté de Peter Graves. Un rôle plus anecdotique, qui ne l'empêche pas de crever l'écran dans une comédie qui a cartonné au box-office.


à gauche : sur le tournage de Conan le Destructeur, Schwarzy fait quand même moins le malin à côté de Wilt « the stilt » ; à droite : Abdul-Jabbar fait admirer son envergure avec un pins Bruce Lee sur la poitrine.

Wilt Chamberlain : l'athlète hors norme

Franck Deford, journaliste à Sports Illustrated, disait de Chamberlain (2,16 mètres, 125 kgs) qu'il était « la plus grande construction athlétique jamais formée de chair et de sang. » Et c'est sans doute vrai. L'échassier possédait un physique exceptionnel. Au sommet de sa carrière, l'ex-Harlem Globetrotter a détenu plus de 100 records, notamment au scoring (nombre de points dans un match, moyenne de points sur une saison...).
A 50 ans, sa masse graisseuse était encore digne d'un joueur pro. Le réalisateur Richard Fleischer, auteur de Soleil Vert, n'est pas resté insensible au CV de l'homme aux « 20 000 conquêtes ». C'est décidé, la star née à Philadelphie en 1936 jouera Bombaata dans Conan The Destroyer (1984), une brute épaisse capable d'écrabouiller ses adversaires avec un doigt. Pendant le tournage dans l'Etat de New Mexico, Schwarzenegger n'en mène pas large. En coulisses, le seul être humain capable de tenir la comparaison est le catcheur français André The Giant : un monstre surdimensionné de 2,24 mètres et... 235 kilos. Dans une interview accordée au site Grantland, Mister Univers raconte une virée au restaurant en compagnie des deux spécimens. Autour d'eux, personne ne bronche... Dans ce décor sauvage digne d'un bouquin de Pierre Boulle, Chamberlain se montre convaincant. Il ne réitérera pas l'expérience. Dommage. On l'aurait bien vu dans un film de super héros, en méchant indestructible.


Pas facile la vie de bureau quad on mesure 2,31 mètres.

Gheorghe Mureșan : la bête de foire

La légende veut que le Roumain était tellement grand (2,31 mètres) qu'il pouvait toucher le toit de Beaublanc, la salle du CSP Limoges, lorsqu'il y venait jouer avec son club de Pau-Orthez, dans les années 90. En 1995, « Gidza » traverse l'atlantique et pose ses valises à Washington. Muresan effectue une honnête carrière NBA (élu joueur ayant le plus progressé en 96, MIP) et devient le deuxième plus grand joueur de l'histoire de la ligue, derrière le Soudanais Manute Bol. Pour l'anecdote, le mec était capable de dunker sans décoller les pieds du sol...
Lors d'un match qui oppose les Knicks aux Bullets, Billy Crystal, habitué du Madison Square Garden, pense avoir une idée de génie : l'acteur propose à Muresan d'interpréter un gentil géant dans un film tout pourri intitulé My Giant. Conscient de la chance qui lui est offerte, Big Gheorge accepte. On a connu des choix de carrière plus habiles. Hormis une apparition dans un clip d'Eminem, le natif de Cluj ne reposera plus ses grands pieds sur un plateau de cinéma.


Gros Shaq papa déguisé en flic chauve. Qui dit mieux ?

Shaquille O'neal : le comique de service

De tous les basketteurs cités, l'hippopo-shaq (surnom donné par Jacques Monclar) possède la filmographie la plus conséquente, avec 15 films au compteur. Essentiellement de la figuration dans des nanars de seconde zone. Pour ne pas fâcher le Shaq et ses 216 centimètres (147 kgs sur la balance), on ne reviendra pas sur Kazaam, une vraie bouse dans laquelle il s'illustre... en génie. Au rayon des récompenses, O'neal peut s'enorgueillir d'avoir rafflé deux Razzie Award du pire acteur pour ses performances dans Blue Chips et Steel. Pas de quoi fanfaronner sur Sunset Boulevard.
Pourtant, l'ancien pivot du Magic d'Orlando a démontré sur le terrain et en dehors, qu'il pouvait faire rire. Un potentiel entrevu dans Grown Ups 2, aux côtés des troubadours Adam Sandler et Chris Rock. Mais Shaq vaut mieux. Il suffit de regarder son émission Shaqtin' A Fool pour s'en convaincre. L'amuseur public aura-t-il un jour un rôle à la mesure son talent ?


Texte par François Chevalier