Revues

Anoraak : Electro Top

Membre honoraire du crew Valérie, dont l'imagerie rétro-futuriste et les sonorités synthétiques inondent régulièrement la blogosphère, le nantais d'adoption n'a pas tardé à se fondre dans le collectif. Formé à l'école du rock, converti sur le tard à l'électronica, Anoraak a signé avec Nightdrive With You (2008) un début de carrière hyper prometteur sur un terrain ou les anglais sont habituellement souverains (cf Warp).
Il a participé activement au line up du nouveau projet maison, la compilation Valérie & Friends. Street Tease a profité de cette riche actualité pour faire le point avec l'artiste.

Street Tease : Comment est né le projet Anoraak ?
Anoraak : Je suis venu faire mes études à paris à l'âge de 18 ans. A l'époque je jouais dans des groupes de rock et j'avais l'habitude de chanter et de jouer de la guitare. Je m'intéressais pas vraiment à la musique électronique. Je faisais des études de son et je vivais dans une chambre de bonne avec une voisine horrible. Du coup ma guitare est resté accrochée au mur pendant 2 ans car je pouvais pas m'en servir. Au même moment, j'ai commencé à connaître l'outil informatique et à découvrir la scène électronica de la fin des années 90 avec des labels comme Warp. Je venais de la pop, du post rock et je me suis retrouvé à écouter des trucs comme Boards of Canada, Autechre.
Au début d'Anoraak, je le faisais vachement en dilettante, pour me marrer.
Dès le départ, le clavier était il omniprésent ?
Quand tu écoutes un groupe comme Boards of Canada - que j'avais tendance à singer au début car je m'entraînais à utiliser un ordinateur - j'utilisais déjà ce genre de sonorités car ça me plaisais vraiment. J'ai eu ma période electro clash quand j'étais fan de Robots in Disguise mais je me suis vite orienté vers ce type de son. Je me cherchais, j'avais du composer quelques 150 ébauches de morceau mais je n'arrivais pas à les terminer.

"Je faisais des études de son et je vivais dans une chambre de bonne avec une voisine horrible. Du coup ma guitare est resté accrochée au mur pendant 2 ans car je pouvais pas m'en servir."

Comment s'est établi le connexion Valérie ?
C'est lié à ma rencontre avec David de College que je connaissais uniquement par Sexy Sushi, pas personnellement. Je lui ait envoyé une request myspace et le lendemain David me répond en me disant qu'il a écouté mon son et qu'il aime beaucoup mon projet. Il me parle de College et de son blog, Valérie. Il me propose d'aller regarder le blog et d'écouter ses sons. Et une grande histoire d'amour à débuté (rires). On a passé beaucoup de temps ensemble mais tout s'est fait très vite. Un mois après, on rencontrait les Minitel Rose puis Outrunners et Maethelvin qui étaient en train de naitre à cette époque. On a organisé la première Valérie Partie dans la foulée ou l'on a invité Russ Chimes qui s'est intégré tout de suite. Depuis, ça n'a pas bougé et ça bougera plus en fait. C'est juste un collectif de gens ou chacun a son business mais on est bien plus que des collègues de travail, on est tous potes.
Comment as tu procédé pour sélectionner les artistes qui t'ont remixé ?
Il y eu pas mal de remixes de Nightdrive With You et j'ai essayé de choisir les meilleurs. Celui d'Adeyhawke par exemple, c'est le fait du hasard. Tu reçois plein de request myspace et tu sais pas pourquoi tu prends vraiment le temps d'écouter. J'ai tout de suite trouvé ça mortel et proche de Boards of Canada. Je lui ait demandé un remix assez vite et j'ai adoré son traitement, assez proche de la version originale, mais avec une "patte".
Parle moi de cette compilation Valérie, comment ce projet est-il né ?
Il y a longtemps que l'on parle de faire une compilation entre nous mais c'était compliqué de le sortir tout seul. On a attendu qu'une structure s'occupe de nous pour la faire. Pour ma part, c'est un morceau instrumental qui est en fait mon intro de live que j'avais réalisé il y a quelques mois pour introduire le concert. Il s'intègre bien dans l'esprit de la compilation selon moi.

"[Dans mes sets] Je peux te passer un titre des Commodores sans aucun complexes."

Tu travailles sur quoi en ce moment ?
Je travaille sur la suite, je bosse sur plein de nouveaux morceaux électro pop. Je m'attendais pas à ce que ça fonctionne au début, finalement j'ai beaucoup voyagé. Le disque a un peu plus d'un an maintenant et j'ai envie de tourner la page. Je suis pas du tout un mec qui fréquente les clubs donc j'ai pas envie de m'enfermer dans ce circuit.
Qu'est ce que tu joues justement ?
Il m'arrive de faire des dj set dans lesquels je joue rarement mes morceaux, je suis très fan de funk par exemple. Je peux te passer un titre des Commodores sans aucun complexes. Sur mon live, je suis tout seul donc j'ai pas envie de rentrer dans une espèce de démo et de prouver que je sais jouer plein d'instruments. Je viens plus en tant que producteur qu'en tant qu'instrumentiste qui vient faire un live instrumental mais depuis le début c'est ce vers quoi je me dirige. Il faut le temps de mettre ça en place. C'est quand même pratique de faire un live avec Abbleton mais je trouve pas ça exceptionnel, tu peux pas aller très loin...
Tu as beaucoup tourné depuis un an, tu as du accumuler les souvenirs, quelles sont les dates qui t'ont marqué ?
Il y a le Midi festival (ex-Aquaplanning ndlr) l'année dernière qui se déroule dans un lieu complètement barjot. Tu joues dans les pinèdes, sur une colline qui surplombe la région. En plus, la programmation est plutôt indé et ça m'a permis de jouer à côté de groupes comme Why ?, So So Modern avec qui je suis devenu pote, Zombie Zombie, Yacht. Je me suis senti tout petit, seul avec mon micro et mon ordi. L'autre date marquante c'est le Webster Hall à New York, un des plus vieux clubs des Etats-Unis qui était plein à craquer. Des gens étaient venu avec des panneaux "We Love You Valérie". C'était fou quoi.

"J'écoute plein de trucs mais si je devais te citer une référence, j'aime beaucoup Phil Collins"

Comment ça se passe à Nantes ?
Il y a pas beaucoup d'endroits pour jouer en fit. Tu as l'Olympic qui est une grande salle subventionnée de 800 places avec une belle programmation, le Zénith pour les trucs monstrueux et le Lieu Unique ou l'on a fait plusieurs soirées. Nantes est historiquement une ville plutôt rock. Plus récemment, Le hangar à Bananes a ouvert ses portes qui à la base était un vieux hangar à murissement (de bananes) qui a été réhabilité sur l'île de Nantes, au milieu de la ville, en bordure de Loire. Mais comme tous les nouveaux lieux, il faut un peu de temps. nantes est une ville dynamique mais pour les trucs qu'on fait, c'est pas forcément l'idéal. Dans tous les cas, à part Minitel Rose, nous sommes très peu d'artistes Valérie à jouer régulièrement en France, hormis Paris et Nantes. On joue vachement plus à l'étranger.
Qu'est ce que tu écoutes en ce moment ?
J'écoute plein de trucs mais si je devais te citer une référence, j'aime beaucoup Phil Collins, genre tout début, vers la fin des années 70, (après Genesis ndlr ) genre In The Air Tonight qui était un tube radio alors que c'était anti formaté, ça me latte. C'est juste un mec que je respecte vachement. Dans le même délire, Robert Palmer avec beaucoup de place pour les percussions.
Forcément attiré par les batteurs, les percussionnistes (Anoraak était le batteur de Pony Pony Run Run ndlr)...
C'est des choses que j'ai tellement entendu durant mon enfance que ça a du m'inspirer quelque part... des groupes comme Chic. La musique que tu fais n'est pas forcément celle que tu écoutes, heureusement pour moi ! Je suis un gros fada de funk old school, juste avant le disco. des groupes comme Commodores (le premier groupe de Lionel Richie ndlr). je suis un gros flippé de l'avion et ça me détend plus qu'un lexomil.

Auteur : @FrancoisChe
Photos : Mpy Was Here

myspace.com/anoraak