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Beat Torrent : Scratch Pervers

Sans se vanter, les Beat Torrent peuvent crier haut et fort qu’ils sont les rois du scratch. Avec le collectif C2C, ils ont remporté cinq fois le championnat du monde DMC par équipe. Grâce à ces titres prestigieux, le duo nantais a pu parcourir les quatre coins de la planète. Derrière leurs platines, Dj Atom et Dj Pfel mixent à quatre mains. Un show intense et éclectique durant lequel rock et électro se mélangent avec fracas au hip-hop. Une formidable machine à danser.

Street Tease : D’où vient votre nom. Est-ce un cri d’amour au téléchargement ?
Atom :  Cela sonne bien !
Pfel : C’est un hommage à Dick Rivers en fait !
Atom : Même s’il y a le jeu de mots sur Beat Torrent, c’est un nom assez imagé. Cela correspond pas mal à ce que l’on faisait au départ avec ce flot de sons. À la base, on faisait un DJ set. On continue toujours un petit peu. Il y a aussi cette idée d’abondance.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Atom : Quand on était petit. Nos parents se connaissaient. On avait une dizaine d’années. On est des amis d’enfance. On s’est retrouvé au lycée là où on a rencontré les autres gars de C2C (NDLR : le collectif Coup2Cross), Greem et 20Syl. C’est là qu’on s’est mis aux platines et qu’on a commencé à faire de la zic ensemble. Avant, on jouait déjà de la guitare, mais c’était moins sérieux.
Vous avez été champions du monde avec le collectif C2C. Vous en faites toujours parti ?
Atom : Il existe toujours. Le problème de C2C, c’est qu’on est tous investi dans d’autres projets. Les deux autres membres, Greem et 20Syl, ont pour projet principal le groupe Hocus Pocus dont on a pas mal entendu parler ces derniers temps. Ils ont eu des opportunités, des choses qui se présentaient à eux. Ils ont dû passer du temps et s’investir principalement dans Hocus Pocus. Du coup, il y a deux ans, on a mis un peu C2C de côté. Pfel et moi, on est plus parti sur Beat Torrent (Pfel collabore également avec Beat Assaillant ndlr). Mais C2C existe toujours. On a encore comme projet de faire un album. Dans le courant de l’année prochaine, on devrait pouvoir travailler dessus et sortir quelque chose fin 2010.

"L’idée de Beat Torrent, c’était de sortir un peu du cadre hip-hop dans lequel on s’était enfermé avec C2C même si notre registre était assez large. On avait envie de partir sur des choses plus pêchues et plus efficaces en club."

Maintenant que vous formez le duo Beat Torrent, est-ce que vous vous considérez plus comme un groupe que comme des scratcheurs ?
Pfel : C’est vraiment un truc entre les deux. C’est vrai, qu’on est des DJs à la base mais on va de plus en plus vers le format groupe avec nos prestations live. Ce ne sont pas juste des DJs sets. On amène de vraies choses avec des morceaux, des remixes et nos propres compositions. On a aussi tout un univers vidéo. On le développe depuis maintenant 6 mois. On a fait appel à différents graphistes pour illustrer notre show. Cela donne une toute nouvelle dimension et cela sort un peu du carcan DJ habituel même si on reste aux platines durant nos sets.
Pouvez-vous nous décrire cet univers vidéo ?
Atom : Avant, on tournait beaucoup plus en club et à un moment on a eu envie que cela évolue plus vers un live, quelque chose qui se rapproche plus d’un concert. Parallèlement à cela, on travaille avec un logiciel qui est utilisé par pas mal de DJs, Serato Scratch Live. Il permet de ne plus jouer de vinyles. Il joue des sons qui sont dans ton ordi et que tu contrôles avec les platines. Un plugin vidéo de ce logiciel est sorti dernièrement. Grâce à lui, tu peux scratcher des fichiers audio et vidéo. Ce n’est plus seulement du son, mais aussi de l’image en simultané. On a eu la possibilité technique de le faire et on s’est dit que c’était super intéressant. On s’est entouré d’une équipe pour pouvoir le réaliser jusqu’au bout.
Est-ce que sur scène il y a une part d’improvisation ou alors tout est réglé à la seconde près entre vous ?
Pfel : Il y a un gros fil conducteur par rapport auquel on ne peut pas trop dévier. Le show a une ossature bien définie qu’on est obligé de respecter. Mais il y a aussi les parties de scratch ou les parties plus techniques, où cela n’est jamais vraiment pareil. Cela peut évoluer suivant la soirée. Mais dans l’ensemble, c’est assez figé, notamment à cause de la vidéo parce que c’est aussi un gros travail en amont.

"On fait appel à des grands classiques du rock comme Led Zeppelin ou du hip-hop comme Run DMC. Quand on les reprend, les gens se rendent compte du travail de remix car ils ont des références sur lesquelles se baser. Ils peuvent voir de quelle façon on a retourné le morceau."

Votre originalité, c’est de mixer aussi bien du hip-hop que de l’électro ou encore du rock. Pourquoi ne pas avoir choisi un style en particulier ?
Atom : On a toujours aimé beaucoup de styles de musique. L’idée de Beat Torrent, c’était de sortir un peu du cadre hip-hop dans lequel on s’était enfermé avec C2C même si notre registre était assez large. On avait envie de partir sur des choses plus pêchues et plus efficaces en club. L'objectif de Beat Torrent, c’est de faire danser les gens à la base. Mais ce n’est pas notre originalité, c’est dans l’air du temps. Il y a beaucoup de DJs qui font du mashup. Et puis c’est le cas du public aussi. Si tu prends l’Ipod de quelqu’un dans la rue, tu vas voir qu’il y a plein d’artistes différents dedans. Les gens sont rarement bloqués sur un style.
Est-ce qu’il y a des groupes plus faciles à reprendre ou qui sont plus faciles à remixer ?
Pfel : Cela dépend, mais c’est vrai qu’on s’oriente plutôt vers des références, des morceaux que les gens connaissent. On fait appel à des grands classiques du rock comme Led Zeppelin ou du hip-hop comme Run DMC. Quand on les reprend, les gens se rendent compte du travail de remix car ils ont des références sur lesquelles se baser. Ils peuvent voir de quelle façon on a retourné le morceau.
Vous avez repris les Beatles récemment. Quelle est votre dernier remix en date ?
Atom : En ce moment, on travaille sur des remixes mais plus pour des artistes actuels. Le dernier remix que l’on a terminé, c’était pour une chanteuse de soul nantaise qui sort son album et qui s’appelle Dajla. Mais c’est un morceau que l’on ne jouera pas tout de suite en live. Sinon en concert, dernièrement on a repris Cosmic Girl de Jamiroquai. Il y en a d’autres en cours, ça bouge assez vite.

"Notre objectif : faire danser les gens."

Est-ce que vous pensez sortir un premier album très bientôt ?
Pfel : : On est pleine création d’un EP qui va sortir à l’automne, en octobre ou en novembre. Il va comporter une dizaine de titres, des compositions et des remix officiels avec l’accord des artistes.
Vous parcourez désormais le monde entier. Est-ce que vous vous percevez comme des petits veinards ?
Pfel : C’est sûr que l’on se sent privilégié par rapport à cela, surtout que l’on a la chance de le faire entre potes. On sait aussi que tous les DJs n’arrivent pas à en vivre. Personnellement, je m’estime heureux et je vais essayer de faire en sorte que cela dure.

Auteur : Stéphanie Trouillard
Photos : Droits Réservés

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