Revues

Adeline Affre : “Don’t Believe The Hype”

Telle est la devise d’Adeline Affre, jeune créatrice de bijoux d’à peine 23 ans, 1m63 d’énergie pure, une langue bien pendue et des idées en flux continu. Son travail ne s’inscrit pas dans une mouvance, son inspiration est simplement guidée par son feeling, ses envies et ses proches.
Car AA est également une affaire de famille, son compagnon Jérémie Béraud et son frère Thibault participent à l’élaboration des projets.
Depuis 2005, Adeline arpente les salons qu’elle illumine de ses collections inspirées et culottées.

Street Tease : Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Adeline Affre : J’ai fait des études de stylisme, à la fin de mon cursus, il fallait faire un stage pour valider mon diplôme et je ne me voyais pas dans une boîte à faire des vêtements pour filles. Alors j’ai fait un stage en bijouterie. A partir de mon bac, j’avais vraiment dans l’idée d’ouvrir ma boutique, je m’étais fixé cet objectif, ce devait être le but ultime de ma vie. Je me suis rendu compte au cours de ce stage que ça me correspondait mieux, au niveau de la création, de la production. Après avoir bossé 6 mois, je suis invité sur un salon et je présente ma première collection, en collaboration avec Jérémie.

Tu travaillais déjà avec lui ?
En fait, on a travaillé à trois sur ce projet, je faisais les bijoux, à côté, on a fait une série de sacs sérigraphiés et Olivier Lebrun nous faisait les graphismes pour les sacs. On a présenté des bijoux, sacs et des sweets. C’était beaucoup de choses à gérer.

A partir de là, tu te concentres sur le bijou ?
Je me suis rendu compte qu’il fallait que je me focalise sur le bijou. J’ai commencé à faire la collection seule dans mon coin, tout en continuant à faire des salons. Progressivement, Jérémie s’est investi. C’est parti d’un surnom qu’il me donne « Pomme à l’eau », il m’a fabriqué une petite broche de cire sur ce thème. Je l’ai trouvé assez cool et on a décidé d’en faire un collier qui a bien marché au niveau des commandes, les gens étaient super réceptifs. A chaque fois qu’il a travaillé avec moi, à l’origine, c’était pour des cadeaux perso, comme pour la main de Mickey et la bague nuage.

Quelles sont les matières sur lesquelles vous travaillez ?
Pour l’instant, on travaille avec du bronze plaqué or, l’argent massif et l’or massif pour les commandes spéciales. Au niveau de la création, on se fixe pas de limites.

« La plus grosse émotion, c’est lorsque j’ai vu une mamie débarquer avec le sac que j’avais fabriqué avec mon mec. »

Dans ton travail, tu t'amuses avec les codes de la street culture
On s’est nourri l’un et l’autre. A la base, j’avais plus un univers axé sur les arts appliqués et l'art contemporain très conceptuel. Jérémie est arrivé avec une culture très 80, influencée par le graffiti. Notre univers est le fruit de cette union entre les 2 influences.

Qu’est ce que AA ?
Je voulais prendre un nom de marque simple. C’est comme un tatouage, je vais pas me faire tatouer un dauphin dans le cou pour me rendre compte dans cinq ans que je crains. Même si le dauphin a plutôt bien vieilli et je pense qu’il a de beaux jours devant lui. (rires)

Quand est né ce projet de monter ton atelier/shop/galerie... ?
Je cherchais un atelier car je n’en pouvais plus de travailler sur ma table basse, chez moi sur trois mètres carrés. C’est Romu du Lazy Dog qui m’a branché sur ce local. J’ai voulu recréer l’univers de notre appartement. A la base, c’est un atelier mais la boutique est ouverte en semaine. La vérité c’est qu’il y a pas d’idée fixe. Ca permet également aux gens de venir discuter en direct.

Quel est le profil type de l’acheteur ?
J’espère toucher le petit milieu de la hypance parisienne même si je suis souvent pas en phase avec ce microcosme. Sans le vouloir, je pense en faire un peu partie. Mais je kiffe autant quand ma mère porte un de mes bijoux, tout comme la petite nana habillée de la tête aux pieds chez Colette, elle a ma bague, c’est cool aussi parce qu’elle représente. La plus grosse émotion que j’ai eu, c’est lorsque j’ai vu une mamie débarquer avec le sac que j’avais fabriqué avec mon mec.

Quels sont tes projets ?
J’aime beaucoup les arts de la table. Je vais rentrer la collection d’assiettes Lucha Libre de Pierre Blanc.

Entretien publié le 2 décembre 2007.

Auteur : @FrancoisChe
Photos : Mpy Was Here

adelineaffre.com